Budget provincial 2021, tout pour le béton et quelques claques dans le dos pour le social...
Rouyn-Noranda, le 26 mars 2021. Sous l’invitation du RÉPAT, près d’une vingtaine de
personnes, provenant d'organismes communautaires, de syndicats et de comités citoyens, se
sont réunis pour écouter et analyser collectivement le budget provincial. Voici leur analyse.
Pour l’ensemble des gens présents, ce budget est extrêmement décevant et semble être
déconnecté de la réalité qui fait suite à la COVID. Beaucoup d’argent est investi dans les
infrastructures, secteurs à prédominance masculine, pour des emplois «bien payés» qui
profiteront aux mieux nantis alors que les plus vulnérables semblent être oubliés. On souligne
toutefois les investissements dans la culture et le tourisme. Concernant l’éducation ainsi que la
santé et les services sociaux, les investissements annoncés sont nettement insuffisants pour
répondre aux besoins sur le terrain. D’ailleurs, on se questionne sur le réalisme du
gouvernement qui compte sur les transferts fédéraux pour combler ses investissements en
santé, demande qui vient d’être rejetée. Pour ce qui est de l’environnement, il a été
complètement oublié dans ce budget.
Organismes communautaires : Alors qu’ils ont été au front durant la pandémie et qu’ils ont
porté à bout de bras le filet social, on annonce une hausse d’à peine 10 millions pour plus de
3000 organismes communautaires en santé et services sociaux. C'est une véritable claque au
visage qui démontre clairement que le gouvernement ne reconnaît pas l’apport des organismes
communautaires qui estiment leurs besoins à 370 millions de dollars. Pour les organismes en
défense collective des droits, submergés par un flot de demandes en lien avec la pandémie, on
parle d’une indexation de 1%, montant nettement insuffisant pour répondre à la demande.
Les femmes : Les a-t-on oubliées? En aucun moment le gouvernement ne s'est adressé aux
Québécoises. Comme mentionné précédemment, les emplois payants sont à prédominance
masculine alors que l’on sait que les femmes sont principalement dans les secteurs des services
de la santé et de l’éducation. En lien avec la vague récente de féminicides, c’est insultant de
constater le faible montant annoncé pour soutenir les services en violence conjugale. Du côté
des services de garde, grosse déception alors que c’est un besoin criant et que plusieurs femmes
ne peuvent retourner sur le marché du travail compte tenu du manque de places en garderie.
Lutte à la pauvreté : La principale mesure observée concerne les logements sociaux. On parle de
l’accélération de la mise en place des 5 000 logements abordables déjà prévus et attendus
depuis longtemps. À suivre… À cela se joint l’annonce d’un faible ajout de 500 nouveaux
logements sur 5 ans. On rappelle que les besoins sont de 50 000 logements sociaux
supplémentaires au Québec. Somme toute, pour lutter contre la pauvreté, les annonces sont
peu satisfaisantes et rien de plus pour l’augmentation des revenus des personnes moins bien
nanties!
L’Environnement : Pratiquement aucune annonce, si ce n’est que de bonnes intentions. Le
ministre a parlé d’alimenter nos régions en gaz naturel, une énergie fossile polluante alors que
le gouvernement s’est engagé d’ici 2050 à la carboneutralité et que le gaz naturel est loin d’être
une solution verte. Et, un paradoxe de plus, le gouvernement annonce investir 41 millions de
dollars pour réduire les délais accordés aux études environnementales des grands projets.
En conclusion, les organismes communautaires, les syndicats et les groupes citoyens présents
auraient aimé que notre gouvernement fasse preuve davantage d’audace. Par exemple, en
diversifiant ses sources de revenus et en envoyant un message clair et fort que la nouvelle
économie devra être juste et verte. Les belles claques dans le dos aux personnes ayant été au
front lors de la pandémie mentionnée par monsieur le Ministre sont davantage perçues comme
des gifles devant le manque de soutien octroyé pour le filet social. Le message pourtant clair
envoyé en période de consultation ne semble pas avoir été écouté. Soyez assurés que nous
trouverons les moyens d’ici les prochaines élections de nous faire entendre!
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Source:
Johanne Alaries, Centre E